Les météorites
Nous vivons sous un bombardement continuel de matière extraterrestre...apparemment inerte. Pourtant, dès son arrivée sur Terre, son identité lexicale change déjà :
alors qu'elle est en passe de rentrer en collision avec la Terre, elle est météoroïde, lorsqu'elle pénètre l'atmosphère et s'y réchauffe par frottement, elle devient météore, si elle survit à la traversée, elle finit météorite.
Météore terrestre
Essaim de météores des Léonides. Ce sont des poussières lâchées par la comète Tempel-Tuttle dont l'orbite croise celle de la Terre. Elles semblent cependant provenir de la constellation du Lion, d'où leur nom. | Météore martien Cette traînée dans le ciel de Mars, saisie par les caméras de Spirit le 7 mars 2005, est une étoile filante ! Elle provient de la comète Wiseman-Skiff dont la trajectoire croise l'orbite de Mars. |
Portrait de famille
Les plus grosses météorites ont une masse de quelques tonnes (103 kg) pour une taille de quelques mètres.
On estime le flux annuel des météorites de masse comprise entre 0,01 kg à 100 kg tombant effectivement sur toute la surface de la Terre à environ 30 tonnes. Les plus petites ont une masse de quelques microgrammes (10-9 kg) seulement pour une taille de quelques micromètres. Les micrométéorites (ainsi nommées) constituent l'apport essentiel de matière extraterrestre estimé à environ 20 000 tonnes par an sur toute la surface terrestre!
Hoba La plus grosse météorite connue, Hoba, découverte en 1920 en Namibie. Sa masse est estimée à 66 tonnes. | Concordia
Une micrométéorite trouvée en Antarctique à la station Concordia. Sa masse est de quelques dizaines de microgrammes |
Où les trouve-t-on ?
On trouve les météorites dans les grandes étendues désertiques, de glace ou de pierre, où l'absence de végétation et l'érosion limitée facilitent leur collecte et leur conservation. L'Antarctique, les déserts d'Afrique du Nord, d'Australie ou du Sud-ouest américain sont les terrains de chasse privilégiés. Plus de 10 000 météorites ont été découvertes depuis deux siècles environ.
D'où viennent-elles ?
C'est à partir du XIXième siècle que l'on a tenté de lever le voile de mystère sur l'origine des météorites. Leur analyse chimique a permis de constater leur grande différence avec les pierres terrestres. C'est en observant l'importante pluie de météores à L'Aigle (Haute-Normandie) en 1803 qu'on a conclu définitivement à leur origine extraterrestre, sans être capable cependant de déterminer leur point de départ. On pense maintenant que les météorites proviennent pour l'essentiel de la ceinture des astéroïdes située entre Mars et Jupiter. Dans une bien moindre proportion, elles peuvent aussi venir de comètes, de Mars ou de la Lune.
Les météorites sont des échantillons tangibles délivrés gratuitement de corps célestes situés à des millions de kilomètres de la Terre. On peut les analyser avec les méthodes de laboratoire les plus sophistiquées et obtenir des détails très importants sur la formation et l'évolution chimique du corps d'origine. Mais on a perdu l'information sur l'identité exact du corps parent et l'endroit du corps où il se trouvait (le contexte géologique) !
Il est donc difficile de les ranger sur les étagères en fonction de leur corps d'appartenance.
De quoi sont-elles faites ?
On peut classer les météorites suivant leur composition chimique et leur structure. On désigne couramment trois familles minéralogiques, les météorites pierreuses, les plus nombreuses (93%), les météorites de fer (6%) ou les mixtes (1%).
Les météorites de pierre sont appelées chondrites et achondrites.
- Les chondrites ordinaires (80%) et des chondrites carbonées (4%) constituent l'essentiel des météorites trouvées.
Leur nom vient du fait qu'elles sont ou contiennent beaucoup de petites billes, les chondrules. Elles sont faites de composés à base de silice, de métaux (fer, nickel). La teneur en carbone, en soufre ou en hydrogène est plus importante dans les chondrites carbonées. La plupart des chondrites ont 4,56 milliards d'années. C'est le matériau le plus vieux du Système Solaire, celui qui s'est condensé le premier au moment de la formation de l'étoile Soleil. L'abondance des éléments chimiques que l'on y trouve est d'ailleurs similaire à celle que l'on observe dans la photosphère du Soleil.
- Les achondrites sont des roches magmatiques, des basaltes produits par la fusion des roches. Leur corps parent doit donc être suffisamment massif pour générer un tel processus (la Lune, un gros astéroïde). Elles sont plus jeunes que les chondrites, mais de quelques millions d'années seulement, et à peine plus vieilles que les plus vieilles roches terrestres, de quelques centaines de millions d'années à peine.
- Les météorites "de fer" sont métalliques, constituées d'un alliage de fer et de nickel. Elles viennent probablement du coeur d'astéroïdes où le fer, de par sa densité importante, s'est concentré.
- Les météorites mixtes sont une classe intermédiaire identifiée.
La chondrite ordinaire Parnellee. On y distingue bien les chondrules sphériques. Elle contient peu de fer. |
La chondrite carbonée d'Allende (tombée au Mexique en 1969). C'est une des plus vieilles météorites connues (4,56 milliards d'années). Elle contient des inclusions de grains interstellaires formés lors de l'explosion d'une étoile voisine du Soleil |
Une chondrite mixte pierre-fer
La chondrite carbonée de Murchison (tombée en Australie en 1969). Sa haute teneur en eau fait penser qu'elle est d'origine cométaire. On y a trouvé 92 acides aminés différents dont 19 seulement sont connus sur Terre. |
L'achondrite Camel trouvée en Australie
Fragment de la météorite de Gibeon, tombée durant la préhistoire. C'est une météorite de fer dont 30 tonnes de fragments ont été retrouvées sur des milliers de km² de désert en Namibie. |
Des météorites ailleurs que sur Terre...
Récemment, le robot américain Opportunity, qui a parcouru la surface de Mars en 2005, a découvert la première météorite qu'on n'ait jamais vue sur une planète autre que la Terre.
Météorite découverte par le robot Opportunity à la surface de Mars en Janvier 2005.
Elle fait environ 30 cm de diamètre, elle contient une grande quantité de fer et de nickel.
Crédit NASA/JPL