Cet article est extrait du Hors Série n°11 des Cahiers Clairaut, disponible sur notre site de vente.
Dès les premières civilisations, les observateurs, pour repérer et désigner plus commodément les étoiles, ont imaginé de réunir celles qui sont apparemment voisines et assez brillantes, par des traits suivant les figures plus ou moins arbitraires qu’elles dessinent dans le ciel. C’est ainsi que sont nées les constellations auxquelles on donna des noms de héros, d’animaux ou d’objets associés à des mythes et des légendes, évidemment différents selon les pays. Quant au dessin d’une même constellation, il est aussi sujet à diverses propositions, parfois controversées, car plus ou moins fidèles aux descriptions « historiques ».
On peut ainsi donner une première définition du mot constellation : un groupe d'étoiles situées dans des directions voisines mais qui ne sont pas nécessairement proches physiquement les unes des autres. Une constellation est donc une vue en perspective d'un groupe d'étoiles : ce n'est qu'une illusion ! Et cette illusion n'aurait pas le même aspect si l’on occupait une autre place dans l'Univers. La forme d’une constellation n'a donc de sens que pour les Terriens que nous sommes.
Les étoiles avec lesquelles on "dessine" les constellations ne représentent qu'une infime partie des étoiles de notre Galaxie : ce ne sont que les étoiles les plus proches de nous, celles que nous pouvons voir à l'oeil nu. Sachant que cela dépend de la sensibilité de l’oeil et de l’état du ciel, on peut estimer le nombre des étoiles visibles à environ 5 000, nombre à comparer aux centaines de milliards d'étoiles de notre Galaxie.
Quelques constellations d'après Flammarion.
Pour les constellations de l'hémisphère nord, la nomenclature actuelle s'inspire largement de la mythologie grecque. On raconte que c'est le médecin et poète macédonien Aratos qui, au IIIe siècle avant notre ère, eut l'idée d'attribuer aux diverses constellations les noms tirés de la mythologie grecque.
Par contre, les constellations australes, découvertes plus récemment, ont reçu pour la plupart des noms d'oiseaux ou d'instruments scientifiques. Ce sont principalement Plancius, Hévélius et Lacaille qui les baptisèrent entre le XVIe et le XVIIIe siècle.
Longtemps, les limites des constellations restèrent imprécises. Des difficultés surgirent lorsqu'il fallut cataloguer les nombreuses étoiles de faible éclat identifiées grâce aux lunettes et télescopes (d'autant que certains astronomes prirent sur eux de désigner à leur gré de nouvelles figures célestes empiétant sur les anciennes : voir le paragraphe à la recherche des constellations disparues).
À la fin du XIXe siècle, on comptait 108 constellations dont les limites n'étaient pas unanimement reconnues.
Carte montrant des constellations disparues :
Antinoüs à gauche, le Taureau Royal de Poniatowski au centre.
À partir de 1922, l'Union Astronomique Internationale a procédé à une révision des constellations. Suivant une suggestion de l'astronome belge E. Delporte, il a été décidé, en 1927, de substituer aux courbes de délimitation imaginaires antérieures, des axes de parallèles et de méridiens de la sphère céleste (voir le paragraphe sur « le repérage dans l’espace »). En 1930, E. Delporte publie un Atlas officiel des constellations, ferme et définitif.
Depuis lors l'ensemble du ciel est divisé en 88 constellations comprenant chacune, outre le groupement d'étoiles brillantes (astérisme) ayant servi initialement à lui donner son nom, une région du ciel conventionnellement délimitée.
Et si celles-ci prennent encore des formes assez tourmentées et ne sont pas des zones géométriques simples (carrées par exemple) c'est qu'on a voulu respecter l'appartenance de certaines étoiles à une figure mythologique donnée.
Peu importent ces formes : les limites des constellations sont arbitraires, mais elles ont permis de découper le ciel en régions, tout comme la France est découpée en départements.
Les limites des constellations.
Ainsi, pour les astronomes amateurs qui cherchent à observer à l'oeil nu ou avec seulement une paire de jumelles, la localisation d'un objet remarquable, comme un amas, ou une planète, par la seule indication du nom de la constellation dans laquelle il se trouve, est souvent une indication suffisante.