Anthropomorphisme

par Contact CLEA last modified 2016 Mar 07 13:47


Nous allons poursuivre notre aventure dans le monde des idées que l'étude de l'astronomie et de l'astrophysique ne manque pas de nous suggérer.
Nous l'avons dit, nous voila définitivement guéris de notre anthropocentrisme qui nous faisait croire que l'homme était le centre de l'Univers. Mais ne faisons-nous pas encore la même erreur dans un autre domaine, celui de la place de l'homme dans l'évolution générale de l'Univers ?

Les représentations que nous nous faisons de l'évolution de l'Univers sont à peu près les suivantes. Au début de l'univers, il y avait de l'énergie et des particules élémentaires, les quarks. Ces particules donnèrent les particules plus familières que sont les protons et les électrons. Dans ce mélange très chaud, il n'est pas question que les électrons se fixent sur un proton. Mais l'expansion de l'univers conduisant à un refroidissement, il arriva enfin un moment où les électrons purent se combiner aux protons pour donner des atomes d'hydrogène (plus d'autres matériaux primordiaux, en plus faible quantité, comme le deutérium ou l'hélium). L'univers acquit alors une propriété nouvelle, il devint transparent. C'est assez facile à comprendre : les électrons n'étant plus libres, ils ne peuvent plus absorber les ondes lumineuses pour les rediffuser dans toutes les directions.

Ce nouvel Univers a continué son évolution. La matière apparue, faite, nous l'avons dit, essentiellement d'hydrogène, s'est agglomérée lentement sous l'effet de la gravitation. Les grumeaux ainsi formés se sont condensés. Ils se sont échauffés au point que les atomes d'hydrogène ont pu fusionner pour donner de l'hélium et de l'énergie. Une étoile était née et avec elle le processus d'évolution stellaire. C'est ainsi que des atomes divers se sont formés, des plus légers jusqu'aux plus lourds. Les plus lourds d'ailleurs ne se formaient que par des processus rares. Mais, bref, tous les atomes connus se sont formés.

Dans certaines étoiles froides, la température autorise ces atomes à se combiner en des assemblages plus complexes, les molécules. Il faut que la température soit assez faible, sinon l'agencement compliqué des molécules ne résiste pas. Ces molécules, faites d'atomes, ont des propriétés nouvelles. Les structures échafaudées peuvent vibrer, tourner. Les molécules peuvent aussi se combiner d'une multitude de façon, tant les variétés sont grandes. Il est même apparu dans certaines régions des molécules d'une extrême complexité, molécules semblables à celles qui constituent les êtres vivants que nous sommes.

Par on ne sait encore trop quel phénomène, des agencements d'une multitude de ces molécules complexes, formèrent des cellules qui acquirent des propriétés nouvelles. Ces cellules sont des cellules dites vivantes. L'évolution passant, ces cellules vivantes ont pu donner naissance aux êtres vivants que nous connaissons bien. Il y a beaucoup de molécules différentes. Il y a, de manière similaire, beaucoup de variétés d'êtres vivants différents. L'homme s'est autoproclamé, l'être vivant suprême, doué d'une intelligence unique, lui permettant d'avoir, une conscience. Nous voyons poindre ici une autre forme d'anthropocentrisme.

L'évolution s'est faite et elle se poursuit. Nous en sommes les témoins dans notre petit coin d'univers. Les êtres vivants, doués parfois d'un instinct grégaire, se sont regroupés en familles, groupes, clans, sociétés. Ces colonies se sont développées suivant des processus complexes. Les différentes espèces, naissent, vivent, meurent, tout comme les étoiles, les galaxies. Si la température augmente dans une étoile, les molécules les plus fragiles sont détruites. De même, si les conditions physiques changent sur notre planète, les êtres vivants les plus fragiles sont détruits. C'est ce qui est probablement arrivé aux dinosaures.

Peut-on imaginer que cette évolution se poursuive ? L'homme est-il l'aboutissement ultime ?

Nous n'avons pas de réponses fermes à ces questions. Chacun de nous ne peut avoir que des convictions personnelles. Nous pouvons donner quelques éléments de réflexion.
De même que la molécule acquiert des propriétés nouvelles par rapport à celles des atomes qui la constituent, une société humaine a des propriétés nouvelles par rapport aux individus qui la composent. Une société peut réaliser ce qu'un individu seul ne peut pas faire, par manque de force, de temps. La fourmilière est supérieure à la fourmi. La fourmilière n'est-elle pas déjà un être vivant d'un stade supérieur ? L'humanité ne dépasse-t-elle pas l'humain individuel ?
L'évolution des étoiles se fait selon des rythmes très différents selon que l'étoile est massive ou pas. L'évolution des espèces que nous observons sur terre semble aussi se faire selon des rythmes très différents. Certaines espèces n'ont pas évolué depuis des millions d'années, d'autres, comme l'homme, ont clairement subi une évolution perceptible. Qu'en est-il ailleurs dans l'univers ?

Si les êtres vivants constituent une étape dans l'évolution générale, la vie devrait être présente dans bien des régions de l'univers. Nous avons vu la richesse inimaginable de l'univers. Des milliards de galaxies, chacune d'elles regroupant des centaines de milliards d'étoiles, elles-mêmes entourées de planètes. Même si la probabilité de naissance de ces cellules vivantes est faible, il serait déraisonnable de penser que nous sommes seuls sur notre petite planète, autour d'une petite étoile dans une galaxie quelconque. Cependant, il ne faut pas imaginer que l'évolution se produit de manière synchronisée, partout dans notre univers. Certaines étoiles brûlent encore leur hydrogène primordial, d'autres sont encore trop chaudes pour former des molécules. La vie n'est pas nécessairement apparue partout en même temps.

La vie peut-elle revêtir des formes très différentes ? Notre expérience de terrien nous incite à répondre par l'affirmative. Sur Terre, on voit les nombreuses variétés d'espèces vivantes qui existent alors que les conditions physiques ont été approximativement les mêmes depuis des millions d'années. Dans quelques conditions extrêmes sur Terre, on perçoit aussi la grande adaptabilité de la vie. Des cellules vivantes subsistent à des températures qui détruiraient la plupart des êtres vivants "ordinaires". On est conduit à penser que, ailleurs dans l'univers, dans des conditions différentes de celles que nous avons eu sur Terre, il y a des formes de vie d'une immense variété. On peut même imaginer que ce n'est plus seulement la chimie du carbone qui domine mais une chimie différente. Certains chercheurs sont même allés plus loin en imaginant une forme de vie basée non plus sur les interactions électromagnétiques, comme en chimie, mais sur des interactions nucléaires. Nous atteignons la limite de notre imagination, mais ces réflexions nous montrent à quel point il faut être prudent avant d'affirmer que l'homme est l'aboutissement ultime de l'évolution.

 

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