Éclipse de soleil : 1er septembre 2016
Éclipse annulaire à La Réunion : Une préparation exemplaireVoilà deux ans que Michel Vignand, président de l’AAR labourait les bureaux de la Région, de la préfecture, du rectorat et des mairies. Objectif : saisir l’occasion rarissime du passage de l’ombre – ou plus exactement de la pénombre – de la Lune sur la Réunion pour mobiliser écoles, collèges et lycées autour d’un vaste projet scientifique et culturel.
Pour la dernière ligne droite, de nombreuses troupes avaient été mobilisées : tous les bénévoles de l’association, le personnel de l’observatoire des Makes autour de son directeur André Perrot, une équipe dynamique de jeunes astronomes de l’IMCCE et quelques francs tireurs appelés en renfort. Membre du CLEA, je faisais partie de ces derniers.
Une longue liste de conférences en direction des scolaires et du grand public avait été préparée. Dans des théâtres, des cinémas, des salles polyvalentes, les astronomes professionnels et nous-mêmes avons rencontré, ensemble, plusieurs milliers de jeunes et d’adultes. Pour ma part, j’ai travaillé avec un diaporama maintes fois travaillé au lycée Albert Camus de Rillieux avec les élèves de Galaxie 2001, diaporama que j’avais « tropicalisé » pour adapter les phases de la Lune au 21ème parallèle sud !
Troisième contact | Village éclipse | Observatoire des Makes |
Des enfants passionnés, des enseignants attentifs, des spectateurs émerveillés. A vrai dire, je n’ai jamais rencontré de public aussi attentif et nombreux. Le travail avait été bien préparé en amont. Après tout cela, il fallait vraiment une météo favorable. Or cet hiver austral 2016 a été assez atypique. Bien que la saison soit théoriquement sèche, pendant tous les jours qui ont précédé l’éclipse, les nuages envahissaient le ciel vers midi, heure prévue pour le début de l’éclipse. Inquiétude ...
Au matin du 1er septembre nous découvrions le Village – éclipse qui avait été négocié par Michel et André et les autorités de la ville de Saint Louis au stade de l’étang du Gol. Site magnifique non loin de l’océan, au plus près de la ligne de centralité qui passait 15 km au large de l’île. Grace aux informaticiens de l’IMCCE, un écran géant montrait le Soleil en direct à un public déjà nombreux qui prenait place dans l’herbe, comme pour un concert de rock. Plus loin, à l’abri des mouvements de foule, un espace était réservé pour tous les amateurs munis d’instruments : une forêt d’optique allant du trépied maigrichon au C11 sur monture 10 Microns en passant par des téléobjectifs de paparazzi.
Reconnaissables à leur polo « uniforme » rouge et or, les bénévoles astronomes professionnels et amateurs, postés sur les lunettes ou les télescopes de l’AAR, ont passé ainsi la matinée à expliquer encore et encore la nature du phénomène, son intérêt scientifique, l’utilité des lunettes spéciales, l’inanité des peurs ancestrales et ... la stupidité de ceux qui avaient fui leurs responsabilités pédagogiques en faisant fermer les écoles. Pendant une partie de la matinée, Carole Hopais de l’AFA, Jimmy Dorseuil de l’AAR et moi-même avons participé à une émission spéciale sur Réunion Première, émission pendant laquelle nous avons prouvé que l’astronomie était un lieu de rencontre de science rigoureuse et de convivialité chaleureuse. Plus tard et jusqu’au premier contact, ce fut au tour de Danielle Briot (observatoire de Paris), Claire Le Lay et Geneviève Kowalewski (AAR et CLEA) et Claudie Hoareau (observatoire des Makes) de prendre le relais sur les ondes.
Bousculés par un fort vent venu de l’océan, les nuages ont été tenus en respect sauf pendant quelques minutes avant le maximum. Une immense clameur venue des milliers de participants « Hou ! Partez !! » a suffi à les chasser et les quelques 2 minutes 40 secondes d’annularité ont été vues dans un ciel parfait et sensiblement assombri.
Puis est advenue cette heure vague où la lumière revient et où chacun repart. Paradoxe de notre époque savante : là où nos ancêtres effrayés fêtaient le retour de la lumière, nous plions tristement nos instruments. Tristement ? Non ! Car, au terme de ces deux ans de préparation et de ces semaines de travail intense, voir se former sur l’autoroute un gigantesque bouchon causé par les neuf mille spectateurs que nous avions attirés fut la plus belle des récompenses.
L’invité que j’étais ne peut conclure sans féliciter tous les participants de cette opération. Quand on sait les difficultés que rencontrent les clubs d’astronomie, on ne peut que rester impressionné par le travail réalisé par Michel, André (and all) pour faire vivre ainsi l’astronomie, chaque jour et chaque nuit, sur cette île qu’on appelle souvent « l’ile à grand spectacle ». Et à titre personnel, les remercier pour leur accueil chaleureux ainsi que Claire Le Lay et Maurice Porthault qui se sont si bien occupés de moi.
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