Au revoir Françoise

par Pierre Magnien Avec la complicité d’Agnès Acker, Jean-Paul Parisot et d'une amie de Françoise last modified 2016 Oct 25 15:16

Le décès le 24 juin 2014, à 68 ans, de Françoise Suagher a attristé nombre d’entre nous tant chez les astronomes amateurs que professionnels. Affectée de graves troubles respiratoires depuis plusieurs mois durant lesquels elle a été accompagnée avec beaucoup de dévouement par son mari, elle n’a pas survécu à un arrêt cardiaque brutal et irréversible.

Bien des membres du CLEA la connaissaient et appréciaient son dynamisme, son enthousiasme et ses vastes connaissances. Animatrice infatigable, vulgarisatrice attachante, conférencière hors pair, écrivaine dont les ouvrages font référence en particulier dans les domaines des calendriers et des phénomènes lumineux atmosphériques, elle était aussi un élément moteur de l’Association Astronomique de Franche-Comté dont elle était la présidente depuis 1992. Pendant dix huit ans elle a également animé avec beaucoup de passion un club d’astronomie dans l’établissement scolaire où elle enseignait les mathématiques et beaucoup de jeunes ont contracté le virus de l’astronomie à son contact.

Il est difficile d’être exhaustif dans le rappel des très nombreuses activités de Françoise. Sur Besançon on peut citer sa participation régulière aux conférences de l’observatoire et aux cours de l’université ouverte où ses interventions ont laissé un souvenir inoubliable à de nombreux participants mais son rayonnement allait bien au delà de la ville qu’elle habitait.

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Personnalité hors du commun, elle a laissé à beaucoup de monde des souvenirs très vivaces. Vous pouvez en retrouver quelques uns sur le site Internet du CLEA qui accueille sur sa page « A la Une » plusieurs textes écrits par quelques amis. La diversité de ces évocations montre bien sa grande richesse d’esprit et de cœur.

Sa curiosité insatiable et son désir de faire partager ses interrogations et de mettre ses connaissances à la disposition de tous faisaient partie de son caractère, comme l’écrit une amie de Françoise « ... je découvrais et j’admirais sa capacité de révéler à ses amis ce qu’il y avait d’intéressant, et pas seulement de joli, dans leurs clichés ! Nous partagions comètes, éclipses, phénomènes lumineux, étoiles et Lune traqués sous toutes les latitudes. Françoise et son mari Jean-François, malgré leurs multiples publications, conférences, stages, animations, expositions, étaient toujours accueillants et disponibles. »

Jean-Paul Parisot nous rappelle sa position particulière dans le monde de l’astronomie : « ... elle [était] dans le monde de l’astronomie l’une des rares personnes à avoir fait sa place entre 2 communautés, les amateurs et les professionnels. Avec une solide formation théorique en mathématiques et en physique, et un intérêt pour l’observation, son souci de tout comprendre l’a naturellement amenée à se questionner et à chercher les réponses auprès des professionnels quand elle ne les trouvait pas elle-même. Nous sommes plusieurs (ici et ailleurs en particulier au Bureau des Longitudes (aujourd’hui L'institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides où elle avait de bons contacts) à avoir été harcelés jusqu’à lui trouver la solution. Elle s’est ainsi constituée un réseau de correspondants qui a fait qu’elle était connue et appréciée par la communauté professionnelle. Moi personnellement j’avais droit à la question semestrielle ; ce qui est intéressant, c’est que dans les mois qui suivaient, elle réfléchissait, approfondissait la question et cela donnait lieu à une conférence, un article dans une revue … Rien ne l’arrêtait, elle allait jusqu’au bout ! C’est ainsi qu’elle a dû écrire au moins une centaine d’articles, ce qui est énorme pour quelqu’un qui n’est pas dans le circuit professionnel. »

Beaucoup de ces questions étaient relatives à la question du temps qui l’a passionnée tout au long de sa vie : que ce soient les calendriers, les cadrans solaires, la mesure ancienne et moderne du temps, tous les thèmes en lien avec ce concept facile à saisir mais difficile à comprendre ont toujours été pour Françoise source d’inspiration et d’approfondissement.

On ne peut pas non plus oublier ses engagements dans la formation des enseignants à travers les stages d’enseignants et les Universités d’été comme celle du col de Steige organisée par Agnès Acker qui se souvient avec poésie de notre « fée des lumières » qui a laissé dans tous les esprits un souvenir très fort.

Mais à ses grandes qualités intellectuelles venaient s’en ajouter d’autres : son franc-parler, son humour, sa générosité mise au service de tous, son courage à affronter les difficultés et à franchir les obstacles ont été des éléments très importants pour faire de son environnement un espace de convivialité et de joie de se retrouver. Ces dernières années elle avait déployé une énergie considérable pour organiser des voyages culturels à dominante scientifique en Italie (2010), en Bavière, (2011), en Angleterre (2012), en Islande (2013) et aux Pays-Bas (2014). Déjà très diminuée, elle n’a pas pu participer au dernier de ces déplacements.
Chaque fois que nous croiserons un cadran solaire, chaque fois que nous saisirons un calendrier des postes, chaque fois que nous observerons autour du Soleil un halo ou un parhélie, le souvenir de Françoise nous reviendra à l’esprit avec la nostalgie de l’absence.

Pierre Magnien
Avec la complicité d’Agnès Acker, Jean-Paul Parisot et d'une amie de Françoise

 

40 ans de collaboration avec Françoise Suagher, Jean-Paul Parisot

Chère Françoise, notre fée des lumières, Agnès Acker

 

 

Ouvrages de Françoise Suagher :

  • « Jeux de lumière, Les phénomènes lumineux du ciel » - Françoise Suagher & Jean-Paul Parisot – Cêtre Editions
  • « Calendriers et chronologie » - Jean-Paul Parisot & Françoise Suagher – Masson Editions
  • « L'Astronomie par la pratique » - Jean-Pierre Marchand - Jean-Paul Parisot & Françoise Suagher – CRDP de FC (1988)
  • « L’heure au soleil : cadrans solaires en Franche-Comté » - Françoise Suagher – Paul Perroud & Jean-Pierre Marchand – Editions Cêtre

 

La question du temps : on peut remarquer qu’à côté de son intérêt pour le temps qui passe elle avait également abordé le temps qu’il fait à travers ses travaux sur les phénomènes lumineux atmosphériques toujours en relation avec la météorologie du moment.


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