N° 174, été 2021 : Les satellites naturelsFALIZE Émeric & co [HISTOIRE] Georges Louis Leclerc, le comte de Buffon, des forges à l'astrophysique de laboratoire p. 02-06 Le village de Buffon abrite un lieu fascinant dont les pierres renferment l’histoire d’une révolution scientifique.
Ce lieu, la Grande Forge, a été érigé au milieu du XVIIIe siècle par Georges-Louis Leclerc, le comte de Buffon
(1707-1788). Le « Pline de Montbard », tel qu’il était surnommé, est surtout connu pour avoir composé une
oeuvre encyclopédique, « l’Histoire naturelle générale et particulière ». Par sa plume précise et rigoureuse,
Buffon décrit tout ce qui compose la Nature et qui s’offre aux regards contemplatifs. Pendant que Buffon écrit
son Histoire de la Nature, il se laisse distraire, pendant plusieurs centaines de pages, par le chant d’Uranie.
Ceci l’amène, malgré lui, à s’intéresser à l’astronomie et à réaliser des expériences mystérieuses dans des
forges. C’est dans le refroidissement de boulets de différentes compositions chimiques qu’il détermine le passé,
le présent et le futur du Système solaire. Ce travail est un trait d’union entre son texte « De la formation des
planètes » de 1749 et son très fameux « Des époques de la Nature » de 1778. Les séries d’expériences des
boulets constituent une véritable révolution scientifique. En effet, pour les concevoir, Buffon a utilisé, pour la
première fois, tous les concepts qui fondent notre astrophysique expérimentale moderne.
Introduction
Buffon (voir figure 1) a marqué l’histoire des sciences
grâce à la rédaction de son oeuvre monumentale
l’Histoire naturelle générale et particulière dont
l’écriture l’aura occupé une quarantaine d’années de
sa vie. Lorsqu’il se lance dans cette entreprise, l’âge
de la Terre est estimé à environ 6 000 ans.
Sur cette question, ce
sont les travaux de
l’archevêque James
Usher réalisés en 1656
sur les écritures saintes
qui font autorité.
Buffon comprend très
vite que l’intégralité de
l’Histoire de la Nature
ne peut pas rentrer dans
une durée aussi courte.
De plus, il considère
que toutes les approches
physico-théologiques
pour déterminer l’âge
de la Terre ou expliquer
certains épisodes
bibliques, relèvent plus de la fable que du récit
scientifique.
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